Calcul rendement investissement : quelles formules utiliser pour évaluer la rentabilité

Calcul rendement investissement : quelles formules utiliser pour évaluer la rentabilité

Pourquoi calculer le rendement de son investissement est indispensable

Vous avez investi dans un bien immobilier à but locatif, un portefeuille d’actions diversifié ou peut-être un plan d’épargne ? Très bien. Mais savez-vous précisément combien cela vous rapporte ? Si votre argent travaille, encore faut-il savoir s’il transpire ou s’il se tourne les pouces. C’est là qu’intervient le calcul de rendement. Sans lui, piloter ses investissements revient à naviguer à vue, en espérant juste que le vent vous soit favorable.

Au fil de mes années d’accompagnement en gestion de patrimoine, j’ai croisé nombre d’investisseurs qui croyaient réaliser un bon placement… jusqu’à ce que les chiffres parlent. Certains oubliaient d’inclure les frais annexes, d’autres confondaient rentabilité brute et nette. Ici, je vous propose un petit tour d’horizon des différentes méthodes de calcul du rendement d’investissement, avec des exemples concrets et quelques anecdotes glanées au comptoir de la vie financière.

Rendement brut vs rendement net : une différence qui a du poids

Avant toute chose, distinguons deux notions fondamentales : le rendement brut et le rendement net. J’ai l’habitude de présenter cela comme les étiquettes de prix dans un supermarché : le prix affiché (brut) et ce que vous payez réellement en caisse après les taxes, réductions et autres subtilités (net). En investissement, c’est pareil.

  • Rendement brut : c’est le ratio entre le revenu généré par l’investissement (loyer, dividende, etc.) et le montant investi initialement, sans prendre en compte les frais ou la fiscalité.
  • Rendement net : ici, on retranche les frais de gestion, d’entretien, les impôts et autres charges. C’est ce que vous empochez réellement.

Une cliente, investisseuse dans la pierre à ses débuts, pensait obtenir 6% de rentabilité. En réalité, après impôts, frais de notaire, charges de gestion locative et travaux, elle flirtait à peine avec 3.2%. D’où l’importance d’appliquer les bons outils de calcul, que nous voyons tout de suite.

Les principales formules pour évaluer la rentabilité

Entrons dans le concret avec les différentes formules clés. Chacune répond à une situation ou à un objectif d’analyse spécifique. Un peu comme une trousse à outils : on ne sort pas le marteau pour visser une lampe.

1. Le rendement brut

C’est la formule de base, utile pour une estimation rapide :

Rendement brut (%) = (Revenus annuels / Coût total de l’investissement) x 100

Exemple : Vous achetez un appartement à 150 000 € (frais inclus) et percevez 9 000 € de loyers par an.

Rendement brut = (9 000 / 150 000) x 100 = 6%

Pratique pour comparer deux biens immobiliers ou pour un investisseur débutant, mais incomplet.

2. Le rendement net de charges

Ce calcul est plus précis car il retracte les frais liés à l’investissement (hors impôts) :

Rendement net (%) = ((Revenus annuels – Charges annuelles) / Coût total de l’investissement) x 100

Exemple : Si votre appartement génère 9 000 € de revenus, mais que vous payez 2 000 € de charges annuelles (charges de copropriété, assurances, frais de gestion…), alors :

Rendement net = ((9 000 - 2 000) / 150 000) x 100 ≈ 4,67%

Là, vous commencez à toucher à la réalité du terrain. C’est ce que j’appelle la « rentabilité après la réalité du terrain », souvent loin des promesses des brochures immobilières clinquantes.

3. Le rendement net-net (après impôt)

L’étape ultime pour savoir ce que vous mettez véritablement dans votre poche. On y ajoute la fiscalité.

Rendement net-net = ((Revenus – Charges – Impôts) / Coût total) x 100

Ce chiffre peut parfois faire grincer des dents. Il m’est arrivé de faire fuir l’enthousiasme d’un couple qui se rêvait rentier, en leur montrant qu’une fois leur TMI de 30% passée, il ne leur restait que 2.5% de rendement sur leur projet locatif. Voilà pourquoi il ne faut jamais oublier l’impact fiscal dans vos calculs.

Le TRI : Taux de rendement interne

Si vous cherchez à évaluer un investissement sur une durée longue ou un projet avec des flux irréguliers (vaste opération immobilière, investissement d’entreprise, SCPI dynamique…), le rendement brut ne suffit plus. Il faut sortir l’artillerie lourde : le TRI.

Le Taux de Rendement Interne (TRI) prend en compte l’ensemble des flux de trésorerie (dépenses et revenus) tout au long de la durée de l’investissement, actualisés dans le temps. Il s’agit du taux d’actualisation pour lequel la valeur actuelle nette (VAN) des flux est égale à zéro.

Formule du TRI : elle n’est pas des plus digestes à l’œil nu, mais pas de panique, Excel ou des simulateurs en ligne s’en occupent très bien :

TRI = Telle valeur que VAN = 0, soit : Σ (Flux net de l’année n / (1+TRI)^n ) = 0

Pratique pour comparer des projets d’investissement ayant des durées ou des profils différents. Mais attention : un TRI élevé ne signifie pas forcément un investissement sans risque. Il peut être gonflé par des flux importants en début de période ou des hypothèses trop optimistes.

Le cash-flow : le nerf de la guerre

Au-delà des pourcentages, ce sont les euros qui doivent vous intéresser. Et c’est là que le cash-flow entre en scène.

Cash-flow = Revenus – charges – remboursements d’emprunt – impôts

Pourquoi c’est important ? Parce qu’un rendement satisfaisant peut masquer une trésorerie négative. Un exemple vécu : un client avec 4 biens locatifs, du 5.5% brut chacun, mais un cash-flow négatif de 300 € mensuel. Il payait pour investir. À court terme, cela peut mal finir si les revenus ne le permettent pas.

Le cash-flow est donc votre boussole de liquidité. Même une rentabilité faible mais un cash-flow positif peut être plus sain qu’un projet hyper rentable… qui assèche vos comptes.

Rentabilité vs Valorisations futures : deux visions complémentaires

Un oubli fréquent chez les investisseurs débutants concerne l’appréciation en capital. Un rendement net de 3% dans une zone où les prix grimpent de 5% chaque année peut valoir davantage qu’un 6% net dans une ville à faible dynamisme économique.

Il ne faut donc pas isoler le rendement annuel de la performance globale (plus-value latente incluse). Pensez rendement et valorisation. Un peu comme on juge un vin non pas seulement à la première gorgée, mais à son potentiel de garde.

Des pièges à éviter dans vos calculs

Voici quelques erreurs fréquentes, que j’ai vues trop souvent pour ne pas les partager :

  • Oublier les frais d’acquisition : notaires, agences, travaux initiaux ne sont pas optionnels. Ils doivent figurer dans le coût total.
  • Négliger les périodes de vacance locative : un mois sans locataire chaque année ? Ce sont 8% de revenus en moins.
  • Surestimer les loyers sur promesse d’agent immobilier : basez-vous sur le marché réel, pas sur les projections flatteuses.
  • Confondre rentabilité faible mais stable avec haut rendement risqué : un petit 3% sûr vaut parfois mieux qu’un 7% hypothétique et volatil.

Derniers conseils pour une évaluation réussie

Évaluer un rendement, c’est un peu comme diagnostiquer la santé d’une voiture d’occasion. Un chiffre au kilomètre n’est jamais suffisant sans examen sous le capot.

Utilisez les bons outils, adaptez-les à votre situation personnelle (objectif, fiscalité, horizon de placement) et n’hésitez pas à tester différents scénarios dans vos simulations : hausse de la taxe foncière, baisse de loyers, vacance temporaire… C’est en anticipant les moins bons cas qu’on sécurise les bons résultats.

Enfin, si vous investissez pour le long terme, rappelez-vous que la patience est aussi une stratégie. Comme je le dis souvent, « investir, ce n’est pas planter un arbre et crier au miracle le lendemain. C’est en prendre soin, calculatrice en main, et attendre qu’il donne ses fruits bien mûrs. »